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Vous avez dit « Conseil de famille » ?

Par Anne-Sophie de Chauvigny, psychopraticienne

A la maison, tout semble partir à vau-l’eau…

Les cartables trainent dans le couloir, jetés négligemment. Les horaires de sortie des plus grands ne sont plus respectés. Les deux derniers se lancent des mots d’oiseaux en pleine figure et les portes claquent ! Parent, je me sens quelque peu découragé. Je décide alors d’inviter chacun à un « Conseil de famille » samedi prochain. Petit carton d’invitation personnalisé ou bien annonce collective, le rendez-vous est pris et non négociable : pas de resquilleurs en vue ! A l’heure dite, chacun s’installe où il veut, coussins et poufs sont les bienvenus pour permettre d’être confortable. Je pose alors le cadre qui assure sécurité et bienveillance pour chacun : pas de jugement, parler de soi et m’adresser directement à l’autre.

Un premier tour, chacun peut dire ses émotions, là où il en est, ce qui est bon pour lui ou plus difficile à vivre. Garante de la sécurité de chacun, je veille à ce qu’aucun rire qui viendrait moquer propos ou émotions ne fuse. Je n’ai pas le droit de rire de l’autre, je peux rire avec l’autre.

Au second tour, chacun peut dire ses besoins et négocier. Nous vivons au sein d’une fratrie, d’une famille et nous avons besoin de règles de vie pour vivre ensemble. Ce cadre discuté, négocié, assure la sécurité de mon territoire et de mon jardin secret tout en permettant de donner priorité à la relation. « Moi je suis pas d’accord quand, Maman, tu rentres dans ma chambre sans frapper ou quand, exaspérée par le désordre, tu te mets à la ranger !», s’exclame Arthur. Quel est le besoin caché encore : aurais-tu besoin de créer ton jardin secret ? d’intimité et de pudeur ? En égrenant avec lui la liste des besoins – ceux qui parlent à chacun des humains que nous sommes-, il finit par acquiescer à l’un d’entre eux. Je prends le temps de reconnaître mon ado dans ce besoin et lui demande ce qu’il voit comme piste(s). « J’ai compris combien ta chambre est ton territoire et c’est d’accord pour moi de ne plus chercher à la ranger. En échange, je te demande de ranger les affaires que tu aurais laissées dans les pièces communes chaque soir. C’est important pour moi d’être reconnue dans ce que je fais pour que notre maison soit un endroit confortable et agréable à vivre pour notre famille, ok ? » C’est gagnant pour chacun !

Le troisième tour, c’est celui des célébrations et des projets : quels sont les bons moments vécus au cours des mois précédents ? Les célébrer et évoquer les projets à venir, permet de nous sentir appartenir à cette famille, de nous réjouir ensemble, de découvrir ce qui enthousiasme l’autre au sein de la famille… Autant d’étoiles sur la route, de lunes à décrocher, de désirs à cultiver et qui disent notre attachement les uns aux autres et combien notre famille est unique !

Bien sûr ce déroulé n’est qu’une proposition ! A chacun de l’adapter en fonction des besoins de sa famille, de l’âge de ses enfants – oui oui, cela marche avec des tout-petits aussi – step by step !

Bons travaux pratiques !