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L’enthousiasme, terreau pour notre cerveau !

Par Anne-Sophie de Chauvigny, Psychopraticienne, formatrice et coach certifiée en PCM

Pour apprendre, chacun d’entre nous, enfant comme adulte, a besoin d’une motivation

Pas celle que le professeur ou le parent tentent de mettre en place pour moi en me proposant parfois une récompense : sortie, bonbons ou cadeau. Non, celle qui vient de moi et que les neurosciences appellent « l’engagement actif »[1].

Je serai d’autant plus engagé(e) lorsque j’aurai envie de réaliser cette action, d’apprendre et d’assouvir ma curiosité dans tel ou tel domaine. Cette envie est la plupart du temps déclenchée quand j’y vois un intérêt personnel, quand l’activité présente du sens pour moi. Observons un enfant de trois ans lorsqu’il explore le monde : tout pour lui est source d’émerveillement, de découverte, de curiosité : le caillou découvert dans le caniveau, la feuille de l’arbre qui tombe, l’eau qui ruisselle sur sa main. A ce moment-là toutes ses facultés d’apprentissage sont mobilisées et l’enfant apprend avec plaisir et curiosité. Dans son cerveau de la dopamine-entre autres- est secrétée, source de motivation et d’attention. Si je laisse cet enfant poursuivre aussi longtemps qu’il le souhaite son exploration, il pourra trouver une vraie source de satisfaction. Son enthousiasme verse dans les canaux d’apprentissage de son cerveau l’engrais dont il a besoin[2] !

Dans cet apprentissage, les neurosciences montrent aussi combien le retour d’information est importante : l’erreur est primordiale dans tout apprentissage. En effet, dans le cerveau, le cortex propose une sorte d’hypothèse quand débute un apprentissage –les chercheurs parlent de « prédiction ». En retour, le cortex reçoit des informations sensorielles et une comparaison se fait entre les deux. « La différence crée un signal d’erreur qui va se propager dans le cerveau et qui va permettre de corriger et d’améliorer la prédiction suivante. » explique Stanislas Dehaene[3]. « Ainsi le cerveau fonctionne de la manière suivante : prédiction, feedback, correction, nouvelle prédiction. » ajoute-t-il.

L’erreur est ainsi essentielle et fertile. A condition qu’elle ne soit pas sanctionnée par une punition qui risque d’inhiber l’apprentissage. Si je suis puni(e) pour mon erreur, alors je vais augmenter mon niveau de peur, de stress et bloquer mes apprentissages. Si au contraire, je suis accompagné(e) dans mon erreur, celle-ci devient fertile. Pour le dire autrement c’est quand je me plante que je pousse[4] ! A l’école comme à la maison !

En cette nouvelle année qui commence souhaitons nous de redécouvrir le monde avec émerveillement et enthousiasme, de cultiver nos erreurs pour grandir et apprendre avec curiosité !

[1] Cf. Les quatre piliers de l’apprentissage selon les neurosciences : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information, la consolidation des acquis.

[2] André Stern : « Quand on peut aller au bout de son enthousiasme, quand on peut approfondir son enthousiasme de manière infinie, il y a un effet secondaire de l’enthousiasme : c’est la compétence. »

[3] Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, chaire de psychologie cognitive, article du 7 novembre 2013 in http://www.paristechreview.com/2013/11/07/apprentissage-neurosciences/

[4] Anne Van Stappen, in Petit Cahier d’exercices de Communication Non Violente