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Comment accompagner l’échec ?

Par Ségolène Nicolas, Coach et formatrice Flyaway

C’est un peu comme l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide

« Mur », « Précipice », « Chute », « Perte de confiance », « Démotivation »… Voici quelques exemples du vocabulaire employé par les élèves de 2nde lors de notre dernier atelier Flyaway, basé sur l’orientation, pour décrire ce qu’évoquait l’échec pour eux. J’ai été très touchée par la dureté de leurs mots mais également par le manque d’inspiration quand il s’agissait de parler de leur réussite, aussi petite soit-elle.

Il semble encore bien difficile d’avoir une vision positive qui présenterait l’erreur comme gage d’apprentissage, de preuve de remise en question et donc de progression future.

Pourtant l’éclairage des neurosciences sur le sujet est aujourd’hui une réelle source de motivation qui donne droit à l’erreur ! En effet le neurobiologiste et chercheur au CNRS, Emmanuel Procyk explique que l’erreur est une nourriture pour le cerveau. Celui-ci est doté de systèmes qui détectent très rapidement l’erreur et nous permettent de réévaluer les choses et de rectifier nos comportements.

En effet, il est bien connu que beaucoup de personnalités ont souvent essuyé des défaites avant d’arriver au sommet ! Mr Dyson a proposé 5126 prototypes et a laissé 15 ans d’économie avant de devenir le n°1 des ventes aux US pour ses aspirateurs sans sac ! Barbara à ses débuts se faisait siffler par son public, a raté des auditions et a fait la plonge pendant des années avant de se relancer sur scène pour enfin connaitre le succès. On a d’abord dit à Mr Disney qu’il « n’avait aucune imagination et qu’il manquait d’idées » ! Mickael Jordan a été renvoyé de l’équipe de basket de son lycée ! Winston Churchill a été mis à la porte de son Parti politique pendant 10 ans, pour finir Premier Ministre ! Et la liste est encore très longue.

Notre atelier se ponctuait d’exercices, de mises en situation et de réflexions en groupe. Cette prise de recul a permis aux élèves de comprendre que l’échec était aussi une question de point de vue. Cette capacité à voir les événements de la vie avec nos propres filtres, faire le choix de mettre nos lunettes noires (vision négative d’une situation) ou de mettre nos lunettes jaunes (voir d’abord le positif dans une situation). C’est un peu comme l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide.

Nelson Mandela disait : « Je ne perds jamais : soit je gagne, soit j’apprends ! »

Les américains par exemple, ont une vision plus positive de l’échec : les investisseurs prêtent très facilement aux entrepreneurs qui ont vécu des échecs… plus qu’à ceux qui n’en n’ont pas au compteur. C’est en effet le gage de remise en cause de leurs erreurs, de leur persévérance, et donc de leur force !

Alors, à commencer par chacun de nous, adulte, mais aussi bien sûr avec nos enfants : que pouvons-nous faire pour changer notre regard sur l’échec ? Afin qu’il soit intégré comme source d’apprentissage et d’enrichissement, et non d’humiliation.

Voici quelques idées fouillées, pour décomplexer et rebondir face à un échec.

D’abord, apprenons à reconnaître l’échec comme un processus normal dans tout apprentissage. Lorsque nous ou notre enfant vivons un échec, soyons attentifs à ne pas généraliser l’erreur à la personne toute entière. Souvenons-nous que c’est une partie de nous qui échouons et non moi, tout entier. C’est une de mes dimensions, pas toute ma personne. Ne pas confondre « avoir raté quelque chose » et « être un raté » !

Il semble important ensuite d’analyser et d’apprendre de ses défaites : « qu’est-ce qui est intéressant dans cet échec ? ». Soyons attentifs alors et évitons de dire à nos enfants : « maintenant que tu connais ton erreur, ne la refais plus ». Le risque de ce processus est de mettre une forte pression à l’enfant qui n’a donc plus droit à l’erreur. Samuel Beckett disait « Réessaie, rate encore, mais rate mieux ! »… Ce qui permet de booster notre motivation et de progresser même dans l’erreur !

Soyons également vigilants à mettre davantage notre paire de lunettes jaunes, à reconnaitre la fécondité de nos erreurs, à voir en quoi cet échec est « intéressant » et quelles conclusions nous en tirons pour la suite. Posons-nous la question que l’on pose souvent en coaching : « En quoi cet échec est-il une opportunité pour moi de grandir ? ». A titre d’exemple, l’assureur-mutualiste Covéa organise depuis sept ans des séminaires mensuels, où les managers racontent leurs échecs et exposent ce qu’ils en ont retiré. Le regard distancié, l’analyse, les brainstormings qu’appellent les ratages sont tout aussi essentiels après le succès, pour ne pas tomber de haut quand ça s’arrête.

Autre piste possible pour accompagner ce qui est vécu comme un échec : Parlons et faisons parler nos enfants sur les émotions ressenties face à l’erreur. Vider son sac, pour ne pas ruminer et mieux repartir !

Saisissons l’échec comme une opportunité de bifurquer, de se « réinventer » et de se rapprocher de son objectif. Prenons les échecs comme une « multitudes de tentatives », comme le disait Thomas Edison. Prenons les échecs comme une expérience à vivre !

Enfin, voyons dans notre quotidien, également ce qui « fonctionne » : la satisfaction d’un devoir bien fait, un exposé bien présenté, une bonne concentration dans les devoirs du soir, la persévérance face à mon client, la patience face à mes enfants… bref toutes nos petites et nombreuses réussites du quotidien ! Apprenons à les célébrer simplement.

Et vous, quelle est votre meilleure réussite de l’échec ?